L’école de l’échec

De 130 000 à 150 000 gosses sortent sans qualifications du système scolaire contre 800 000 élèves qui passent le bac chaque année.

 

 

Bon, la pilule est aussi facile à digérer qu’un repas de Noël, on est d’accord. Vous savez (peut-être) à quel point j’aime disserter sur cette béance sans fond que la société fait peser sur le système éducatif, lui-même aberrant à plusieurs niveaux.

La réussite, c’est polytechnique.
On passe 15 ans de notre vie à courir après l’excellence, et on oublie un peu qu’on a le droit d’être, le droit d’aspirer à, de rêver à, d’aimer, de détester, de ne pas se conformer. Et pourtant, s’il y a bien un pacte tacite qui règne dans notre société et qui implose dans le système éducatif, c’est que nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Et c’est un putain de comble. Moi, sale gosse, un pied hors du système éducatif, je le dis. J’en ai marre, ça me rend dingue, me donne envie de chialer à m’en taper la tête contre les murs.

À l’école, on devrait apprendre à s’aimer et s’accepter. À ne pas se définir par défaut. Tout le monde devrait arrêter de penser « ah t’as un bac pro parce que t’étais pas assez bon pour faire un bac général » : parce que le baccalauréat ne rime plus à rien. Avoir son bac (général), c’est un changement de caste, de ceux qui théoriquement feront des boulots mieux considérés que les autres. Sauf que quand t’as ton bac, t’es pas bien avancé. Je rappelle; car certains ont tendance à l’oublier, qu’un étudiant de 1ère année sur deux se retrouve en situation d’échec. Et j’ai ma petite idée sur le pourquoi du comment.
-> la réussite : c’est polytechnique.

Pour avoir été scolarisée dans des bahuts dont l’aspiration à l’élitisme frôle l’indécence, j’ai vu ce qu’on voulait de nous, et ce dont on se foutait. La France mise sur le prestige de ses scientifiques (bien que la présence d’un humaniste dans une boîte, ça débloque pas mal de trucs, curieusement. Quelqu’un qui pense, ça aide un peu …). Alors viens que j’te sacque dans les matières scientifiques, rien à foutre si t’en es encore au stade de la rédaction de bébé en classe de seconde. Tout le monde veut aller en section scientifique, on sait jamais, si tu te découvres une passion pour l’endocrino, les éoliennes, le codage informatique; faudrait pas avoir bifurqué en éco ou en lettres.
Alors on met le paquet sur les sciences : super. Sauf que mon vieux, la diversité du monde va bien au-delà des cellules que t’inspectes en salle de travaux pratiques.

L’école ne te prépare pas à autre chose que l’excellence. Elle te jette dès que tu t’éloignes de son saint chemin, sans aucune considération pour ton identité et tes envies. Pas étonnant que ça soit la noyade générale sur les bancs de la fac. Ca ne sert à rien de gommer la diversité du monde dans l’enceinte d’un établissement. On a besoin de tous les profils, et surtout, ils ont besoin de se sentir acceptés et accompagnés au même titre que les autres.

 

Pour une école inclusive !

8 réflexions sur “L’école de l’échec

  1. Sujet de société très interressant que tu abordes ici…J’ai pour ma part fait pas mal d’études (Bac + 5 en ressources humaines) car j’ai des parents qui m’ont poussés à donner le meilleur de moi-même par peur que je pense que je galère après… En revanche ils m’ont laissé le choix de ma filière et la filière scientifique ne m’a traversé l’esprit une seconde (j’ai fait un BAC ES). Je suis d’accord que l’on est dans une culture de l’excellence et c’est bien dommage car comme tu le dis il faut de tout pour faire un monde et on a besoin de plein de profil pour faire avancer la société! De plus, contrairement à ce que l’on peut croire le fait d’avoir des diplômes élevés ne résout pas tout (sauf peut être pour les écoles « d’élites »), lorsque je regarde autour de moi je me rends compte que pleins de gens diplômés galèrent pourtant à trouver un travail et à s’en sortir bien que les entreprises regardent de plus en plus les diplômes et soient de plus en plus exigentes! J’ai heureusement pour ma part eu de la chance à ne pas galérer à trouver un boulot et mon homme non plus qui lui a pourtant fait très peu d’études 😉

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